Rapport Parc Régional 1
SUR LA SISMICITE EN QUERCY
Jean-Luc OBEREINER
(Président du CSP/Parc naturel régional des Causses du Quercy) Août 2008
Nous donnons ci-après neuf mentions de tremblements de terre collectés dans la documentation ou la bibliographie ancienne du Quercy.
« …tremblement de terre si violent… que s’en fallut, à ce que nous assure un témoin oculaire que le….couvent des Frères mineurs ne fut renversé… pendant que le professeur de Théologie était en chaire »
-« …des chroniqueurs assurent que c’est…ce tremblement de terre qui endommagea la troisième coupole de la cathédrale…ce qui obligea…à la reconstruire totalement … » (Notes de MALINOVSKY, BM Cahors fonds Greil, d’après historiens et chroniqueurs).
Mugissements de tremblements de terre, horribles (GM p.201)
Sur la fin de février 1302 , il y eust tremblement de terre en Quercy (GM p 252)
C’est aussi en 1335 et non à l’époque de la mort de Jean XXII, comme le prétend Cathala-Coture dans son Histoire du Quercy, qu’un tremblement de terre se fit sentir dans plusieurs localités de ce pays et principalement à Cahors, où il renversa des maisons. Ce tremblement de terre eu lieu avant le lever du soleil, le 30 décembre, qui est le vendredi après Noël. (G.L. t.III p. 83)
1335 Le vendredi pénultième décembre avant le lever du soleil y eust tremblement de terre en Caors. (G.M. p. 265 “livre Tanné”)
E) 1443
La nuit de la Chandeleur (1443), il y eut un grand tremblement de terre dans le Quercy, et dans tout le royaume, même dans l’Aragon où il fut plus fort que partout ailleurs, suivant le livre manuscrit de l’hôtel de ville de Cahors, qui s’exprime ainsi : L’an 1442 (vieux style), lo 2 jorn de febvrier que foc nostra dama de la Candeliera foc terra tremal per tot aqueste pays et per tot lo royaume et plus fort en Aragon qu’en tots estais. (G.L. t. III p. 399)
Le 1er mars de cette année, qui était un lundi, il y eut, entre huit et neuf heures du matin, un grand tremblement de terre. La secousse fut si violente, que plusieurs édifices furent renversés à Gourdon, à Sarlat et dans d’autres lieux. Les gens abandonnaient les maisons et les églises, de peur d’être ensevelis sous leurs ruines Ils se portaient en foule en pleine campagne. (d’après Foulhiac G.L. t. IX p. 7)
G) 1660
Le lundy 21e juin arriva dans Caors un grand horrible tremblement de terre, sur la nuit et encore sur les quatres heures et un quart du matin dudit jour, dont tous les habitants furent effrayés.
(G.M. p. 329).
Un séisme a été relaté par diverses sources. Il a touché Cahors, Cambayrac, Périgueux et les Pyrénées de Bigorre. « Un certain nombre de plafonds ont été fendus et des cheminées renversées »
(Echo de la Dordogne) Q.R. n° 40
I) 1929
Un séisme de force 5 a touché Cahors, Figeac, Gourdon et Luzech. Des objets ont été renversés.
(Q.R. n° 40).
Commentaires
1) On remarquera d’abord que la plupart des tremblements de terre sont importants et c’est logique puisque les chroniqueurs anciens ne retiennent que les évènements majeurs, que ce soit pour les inondations, les grands gels ou les tremblements de terre. Il semble que pour la plupart d’entre eux l’intensité (MSK 1964) se soit situé sur le degré 6 voire 7.
2) Sur une période (XIIe-XXe siècle) de neuf siècles nous disposons de neuf occurences , soit une par siècle au minimum.
A l’échelle géologique, cette fréquence est très importante (10 par millénaire).
Appliquée à la durée de vie des déchets nucléaires, de faible activité à vie longue, et en particulier à celle du chlore 36, qui est de 302 000 ans, cela laisse supposer 3020 tremblements, de terre d’intensité 5 à supporter par un éventuel site quercynois….
3) Il convient à ce stade de relire le texte même de l’Andra (dossier accompagnant le courrier aux Maires de Juin 2008 signé Fr-Michel Gonnot).
« Conformément aux orientations définies par l’ASN, plusieurs critères garantissent la sûreté du stockage :
une zone géologiquement stable sur une période au moins égale à 10 000 ans, ce qui exclut notamment les zones à forte sismicité, les zones volcaniques et les zones de montagne »
Par rapport à cet embryon de cahier des charges on remarque que, pour une durée réduite à 10 000 on est encore sur une présomption de 100 séismes, ce qui est loin de faire du Quercy une région « stable »….
4) Les géologues (Guy Astruc-Guy Pelissié….) confirment la réalité d’une néo-technique bien affirmée tant sur le Nord-Ouest que sur le Sud-Est du Quercy, Depuis une trentaine d’années les mouvements du sol sont étudiés à l’échelle du bassin aquitain, essentiellement par satellite.
Il ressort clairement de ces recherches que toute la zone concernée « bouge ».
5) Ajoutons que des séismes « lointains » ne sont pas sans incidences en Quercy. En 1980, nous avons été nombreux à remarquer les signes d’un séisme dont l’épicentre s’est avéré être pyrénéen (à Cahors intensité 3-4, c’est à dire tintements d’une horloge à l’arrêt…)
CONCLUSION
Sous l’angle de la sismicité potentielle extrapolée à partir de données historiques sur six siècles (XIIe-XVIIe siècle) le Quercy se révèle non conforme à l’exigence émise par l’Andra concernant le nécessaire stabilité géologique sur 10 000 ans (100 séismes possibles).
BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE
G.M. Eobats de Guyon de Malleville sur le pays de Quercy - Cahors 1900
G.L. Quercy-Recherche - Histoire générale du Quercy
Q.R. Quercy-Recherche n° 40 1981 - Les tremblements de terre en Quercy.
J.VOGT (sous la direction de) Les tremblements de terre de France – Mémoire BRGM n° 96-1